Conservation d’ovocytes

Les gamètes, qu’ils soient mâles (spermatozoïdes) ou femelles (ovules), sont à l’origine de notre fertilité : sans leur rencontre lors d’un rapport sexuel ou d’une procréation médicalement assistée, la vie ne peut se créer. Leur intérêt est particulièrement important pour les femmes qui, contrairement aux hommes, ont une quantité de gamètes finie. Avec l’âge, leur probabilité de procréer diminue au même rythme que leur stock d’ovules, jusqu’à la ménopause. Certaines femmes souhaitent ainsi conserver leurs ovocytes, soit leurs gamètes non arrivés à maturité, lorsque celles-ci sont en abondance - généralement avant 36 ans. L’autoconservation ovocytaire est un sujet brûlant : autorisée puis récemment interdite par le Sénat en 2020, elle en dit long sur le droit des femmes à disposer de leur corps. D’autres femmes, devant subir un traitement lourd (notamment une chimiothérapie), préfèrent également préserver leurs ovocytes. Dans tous les cas, cette conservation permettra d’augmenter leur chance d’avoir un enfant lorsque leurs conditions de vie ou de santé seront optimales.
Pourquoi conserver ses ovocytes ?
Raisons médicales
La conservation des ovocytes pour raisons médicales est encadrée par la loi de bioéthique de 2011 et est actuellement autorisée en France et même encouragée (contrairement à la conservation pour raisons sociétales). Elle concerne les femmes dont la fertilité peut être altérée pour des raisons médicales et qui souhaitent mener une grossesse ultérieurement.
Extrait de la loi de Bioéthique (2011) : « toute personne dont la prise en charge médicale est susceptible d’altérer la fertilité, ou dont la fertilité risque d’être prématurément altérée, peut bénéficier du recueil et de la conservation de ses gamètes ou de ses tissus germinaux, en vue de la réalisation ultérieure, à son bénéfice, d’une assistance médicale à la procréation, ou en vue de la préservation et de la restauration de sa fertilité ».
Sont ainsi concernées les femmes de moins de 35 ans, car présentant des gamètes jeunes, qui souffrent ou ont de grands risques de souffrir des pathologies suivantes :
- Cancer nécessitant une chimiothérapie ou radiothérapie, qui risquent d’endommager les ovaires ( les réserves ovariennes);
- Risque génétique de ménopause précoce (avant 40 ans)
- Endométriose ovarienne sévère...
Raisons personnelles
En 2014, les géants de la Tech américains avaient défrayé la chronique en annonçant financer la congélation d’ovocytes de leurs employées désireuses d’y recourir : si certains y voyaient une avancée dans le droit des femmes à disposer de leur procréation quelles que soient leurs ressources, d’autres considéraient la mesure comme une pression exercée sur les jeunes femmes pour les faire repousser, voire renoncer à leur projet de grossesse.
Ce cas illustre bien le difficile arbitrage concernant l’autoconservation d’ovocytes : le 7 mars 2020, cette possibilité fut interdite par le (Conseil) Collège National des Gynécologues et Obstétriciens Français. Les arguments avancés sont effectivement la potentielle pression d’un employeur - il est ici à noter qu’un congé maternité d’une jeune femme moins avancée dans son parcours professionnel aura moins d’impact qu’une grossesse tardive - ainsi que les risques que présente une potentielle grossesse tardive.
Pourtant, l’auto-conservation dite “sociétale” était en vigueur depuis 2011 avec une limitation d’utilisation des ovocytes jusqu’à 45 ans, notamment pour répondre à l’allongement de la durée de vie et la pénurie de dons d’ovocytes. Par ailleurs, une grossesse réalisée avec ses propres ovocytes présente moins de risques qu’une grossesse issue d’un don (FIV). Enfin, l’autoconservation assure aux femmes de choisir le moment adéquat, dans la limite de 45 ans, pour accueillir un enfant : c’est une liberté individuelle qu’il est essentiel de prendre en compte.
Comment congeler ses ovocytes ?
Si vous souhaitez congeler vos ovocytes en France, avez moins de 36 ans (période optimale pour une congélation d’ovocyte, voir section ci-après) et présentez des raisons médicales vous permettant d’y recourir, suivez le guide !
Rendez-vous dans un centre de procréation médicalement assistée
La première étape est de prendre rendez-vous dans un centre pour procréation médicalement assistée. Vous rencontrerez des professionnels de santé, potentiellement un.e psychologue, avec lesquels vous pourrez échanger sur votre état de santé, vos chances de réussite et les risques potentiels présentés par la stimulation ovarienne et le prélèvement ovocytaire. Vous pourrez également passer des tests médicaux (prise de sang, tests gynécologiques et échographies) pour mesurer votre fertilité. N’hésitez pas à poser toutes les questions que vous pourriez avoir auprès de ces spécialistes.
Stimulation ovarienne
Ensuite, vous devrez stimuler vos ovaires pour permettre le prélèvement d’ovocytes. Cette stimulation ovarienne se réalise via des injections sous-cutanées quotidiennes - des piqûres à réaliser vous-même - pendant 9 à 10 jours et débutant le deuxième jour des règles. Pas d’inquiétude, vous serez suivie par des médecins qui vont feront réaliser des prises de sang et échographie à 3 ou 4 reprises pour vérifier que tout se déroule au mieux.
Prélèvement d’ovocytes
Si tout se passe bien, lors de votre dernière échographie on vous proposera un rendez-vous deux jours plus tard pour une ponction. Cette dernière, réalisée sous anesthésie générale ou locale, vise à prélever plusieurs ovocytes. Grâce à l’anesthésie, vous ne sentirez rien ! Après une journée de repos bien méritée à l’hôpital, vous pourrez rentrer chez vous. De son côté, l’hôpital s’assure de congeler et conserver les ovocytes qui ont été prélevés.
Quelles sont les chances de procréer suite à la congélation d’ovocytes ?
Selon le type d’ovocyte conservé
Le tableau ci-dessous résume les chances de mener une grossesse suite à une conservation d’ovocytes, selon la nature de ces derniers :
Cryoconservation | Résultats | Limites |
---|---|---|
Embryon | 20% naissance/embryon congelé | Patiente pubère Partenaire Stimulation ovarienne : délai de 2 semaines Hyperestrogénie Ponction ovarienne |
Ovocyte mature (congélation par vitrification) | 5.7% naissance/ovocyte congelé 34% de naissances par embryon transféré | Patiente pubère Stimulation ovarienne : délai de 2 semaines Hyperestrogénie Ponction ovarienne |
Ovocyte immature et maturation in vitro (embryon possible) | 5000 naissances (monde) | Patiente pubère Ponction ovarienne Fragilité cytoplasme et fuseau |
Cortex ovarien | Nombreux follicules primordiaux 60 naissances (monde) 21% de grossesses en moyenne Des ovocytes immatures peuvent être obtenus lors de la préparation des fragments de cortex et maturés in vitro puis vitrifiés | Laparoscopie Micro-métastases Risques de réintroduction de la maladie |
Source: Référentiels de l’AP-HP - décembre 2018
Selon l’âge
- L’âge du prélèvement et de la congélation : le plus tôt le mieux ! Après 40 ans, la chance de tomber enceinte grâce à un ovocyte congelé est de 1% (il est très rare qu’une conservation soit acceptée à cet âge); tandis qu’avant 36 ans, on estime qu’un ovocyte congelé mène à une grossesse dans 5 à 7% des cas. En pratique, d’autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte : maladie, environnement (tabagisme, alcoolisme…) et, également, l’âge de la fécondation.
- L’âge de la fécondation : les femmes réalisant une FIV grâce à la congélation de leurs ovocytes présentent plus de résultats positifs que les femmes le faisant grâce au don d’une tierce personne. Néanmoins, il se peut qu’une grossesse soit plus à risque à mesure que votre âge avance. En cas de de doutes, parlez-en à votre médecin.
Qu’elle soit pour des raisons médicales ou personnelles, la conservation d’ovocytes demeure un sujet pleinement ancré dans les débats de bioéthique qui font et défont l’actualité. En France, les femmes dont la fertilité peut être altérée sont autorisées à poursuivre un parcours de conservation d’ovocytes, de préférence avant leurs 36 ans pour optimiser leurs chances de grossesse future. Cette démarche se réalise auprès d’un centre pour procréation médicalement assistée, au sein duquel des spécialistes de la fertilité sauront vous accompagner au mieux. Nabla vous souhaite bon courage dans vos démarches !
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