Écopsychologie

Avez-vous déjà entendu parler de l’écopsychologie ? Il s’agit de l’étude des relations entre les hommes et leur environnement, et plus particulièrement entre les hommes et la nature.
Ce champ de recherche mêle plusieurs disciplines : les sciences naturelles et les sciences humaines, la psychologie et l’écologie (mais attention à ne pas la confondre avec la psychologie environnementale !). Le psychologue, Julie Woroniecki décortique ce nouveau champ de recherche !
Les grands principes
Mais alors, quelle est la thèse des éco-psychologues ? Tentons de la résumer en trois idées majeures.
- Une conviction : nous ne sommes pas extérieurs à notre environnement, mais faisons partie du monde et de la nature
- Une préoccupation : ne pas ignorer, sous prétexte d’objectivité ou de scientificité, les dimensions subjectives, psycho-émotionnelles ou spirituelles essentielles de notre rapport à la nature
- Une volonté : ne pas se limiter à l’étude des phénomènes mais avoir un objectif politique fort : rétablir des relations équilibrées entre l’Homme et la Terre. Un objectif d’autant plus important dans un contexte d’écocide (destruction par les humains d’un milieu pourtant nécessaire à leur vie).
Des acteurs multiples
Pour mener à bien ce programme, plusieurs acteurs se remontent les manches :
- Les psychologues, qui apportent leur sensibilité dans les domaines psychothérapeutiques et psychiatriques
- Les écologistes, qui apportent leur expertise scientifique
- Les militants pour l’environnement, qui apportent leur éthique de l’énergie
Les questionnements des éco-psychologues
L’écopsychologie interroge plusieurs thèmes.
D’abord, la relation Homme-nature. Pour les éco-psychologues, notre psyché humaine est liée à la Terre et à la nature. On pourrait donc expliquer notre relation avec l’environnement par nos besoins et désirs inconscients. Un peu comme lorsque l’on considère les rêves et hallucinations comme des reflets de nos motivations profondes, de nos peurs et de nos haines.
Un but : repenser notre relation à la nature
Pour les écopsychologues, la relation entre Homme et Nature pose des problèmes qu’il faut résoudre :
- Le fait de vivre dans un environnement pollué ou moderne a des effets sur la santé mentale, et peut causer du stress et des troubles psychologiques
- La crise écologique (et le fait que nous détruisons notre environnement) est lié à des facteurs psychologiques, à des dysfonctionnements psychiques.
Alors que faire pour améliorer et repenser notre relation à la nature ?
Nous pourrions d’abord prêter plus d’attention au lien entre psychologie et nature : intégrer la nature dans nos diagnostics psychologiques, et comprendre que la psyché joue un rôle dans notre approche de la nature.
Ensuite, il est possible de refuser une vision purement utilitariste de la nature pour proposer des actions thérapeutiques et une philosophie pour retrouver un lien harmonieux avec la Terre, préserver la nature et retrouver un sens à notre présence sur Terre. L’écopsychologie peut contribuer à améliorer notre compréhension et notre sensibilité, et encourage donc le développement personnel.
C’est pour cela que l’écopsychologie comprend :
- Des courants thérapeutiques (comme l’écothérapie, l’hortithérapie, la zoothérapie ou l’équithérapie) qui encouragent les relations avec les animaux et les plantes : car oui, tout cela a des vertus pour la santé physique et mentale !
- Des courants pédagogiques : l’éducation à l’environnement et… l’écoalphabétisation ! Derrière ce terme créé par l’écologiste David Orr se cache l’art de bien vivre dans un lieu, de mieux comprendre l’inter-relation entre fonctions sociales et processus naturels.
La collapsologie, vous connaissez ?
Vous ne connaissiez pas l’écopsychologie ? C’est tout à fait normal, et c’est Pierre Eric Sutter, un enseignant en écopsychologie, qui le dit !
L’écopsychologie est liée à la collapsologie. Un mot dont vous avez sûrement déjà entendu parler dans les médias, qui désigne la science de l’effondrement du monde ("collapse" signifie effondrement). Concrètement, cette discipline s’intéresse aux impacts des activités humaines sur l’environnement et à l’effet des dérèglements environnementaux sur l’humanité (leurs coûts écologiques et humains).
Les écopsychologues prennent parfois en charge des personnes angoissées par ces idées d’effondrement. Des patients angoissés, en proie à des sentiments de finitude ou de solitude, bouleversés par la prise de conscience que la fin de l’humanité est possible.
Nos 5 conseils pour positiver face à l’écopsychologie !
Une possible fin du monde, un effondrement imminent : pas de quoi se réjouir…
Alors comment garder le moral et face à la crise environnementale et aux thèses des collapsologues ? Voici 5 conseils pratiques !
Conseil n°1 : “Promenons-nous dans les bois… ” (être en contact avec la nature)
L’écothérapie (le courant thérapeutique de l’écopsychologie) nous le dit : “le contact avec la nature peut aider à se sentir mieux.”.
L’effet thérapeutique de l’environnement naturel a d’ailleurs été démontré par des travaux scientifiques, qui montrent que passer du temps dans la nature permet de réduire le niveau de dépression et d’accroître la confiance en soi. Les psychothérapeutes de l*’International Association for Ecotherapy* (IAE) en ont conclu que les soins de santé mentale devraient désormais inclure des temps passés dans la nature. La conclusion est claire : pour Paul Farmer, directeur général de Mind, « l’écothérapie ne remplacera pas les antidépresseurs, mais elle devrait être considérée comme une option de traitement possible car [...] cliniquement valide ».
Conseil n°2 : silence ça pousse ! (n’hésitez plus, jardinez !)
L’hortithérapie est une thérapie qui utilise la pratique du jardinage pour soigner la personne, sur le plan psychique mais aussi organique. Développée au départ par les Canadiens et les Américains, cette approche utilise un jardin thérapeutique comme support de travail par le biais d’activités encadrées par des professionnels.
Conseil n°3 : éduquez-vous à l’environnement
L’éducation à l’environnement est un mouvement proposé en 1977. Il permet de développer de nouvelles connaissances sur notre relation à la nature, ainsi que des compétences nécessaires au maintien de la qualité de l’environnement. Plusieurs organismes proposent des ateliers participatifs, des cours ou des sessions en ligne pour découvrir cette discipline !
Conseil n°4 : vive le woofing ! (mettez vous à la permaculture)
Vous avez forcément entendu parler de permaculture. Cette méthode globale vise à concevoir des systèmes (par exemple des habitats humains ou des systèmes agricoles). Inspirée de principes issus de l’observation du fonctionnement de la nature et des peuples premiers, elle vise à répondre aux besoins humains de manière durable.
Concrètement ? Plutôt que de gérer un écosystème, il s’agit d’en faire partie et de valoriser les potentialités du milieu. La philosophie de la permaculture repose sur le partage et l’idée d’un travail avec, et non contre la nature. Elle permet aussi de développer son sens de l’observation de la nature qui nous entoure !
Conseil n°5 : se convertir à l’écospiritualité
L’écospiritualité repose sur l’idée d’une interconnexion profonde entre les êtres et les choses. Une importance toute particulière est accordée au cheminement intérieur par la méditation, qui permet de ressentir le lien à la Terre. L’écospiritualité cherche à contribuer au mieux-être des individus, des peuples et de la planète, en se basant sur les principes de fraternité et de complémentarité entre écologie, spiritualité et vivre-ensemble.
Conseil n°6 : cultiver… son optimisme
Un chiffre pour nous convaincre : 50% de notre disposition à l’optimisme est innée (elle dépend du gène 5HTT), 10% dépend de facteurs extérieurs et 40% dépend de nous tels que nous sommes aujourd’hui (croyances, envies…) ! Vous pouvez donc vous conditionner pour voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide…
Conseil n°7 : croire aux petits gestes
“Sois le changement que tu veux voir en ce monde” disait Gandhi.
Sachez que vous pouvez, à votre échelle, contribuer à préserver l’environnement… et que vos actions ont un effet concret ! Vous pouvez par exemple :
- Lutter contre le gaspillage alimentaire (recycler, faire du compost, récupérer les invendus de votre épicerie)
- Protéger la nature en réduisant la pollution (en favorisant les transports en commun)
- Réduire votre consommation d’eau et d’électricité
- Bien manger, du potager jusqu’aux déchets recyclés (consommer moins de viande, préférer les produits locaux)
En adoptant ces petites gestes simples, économiques et écologiques :
- vous réduirez l’impact écologique et humain de vos actions
- vous motiverez vos proches à s’engager aux aussi
- Vous aurez la satisfaction de faire votre part, vous vous sentirez responsables (et les experts savent que le sentiment de responsabilité personnelle est un facteur de satisfaction et de bien-être !)
Conseil n°8 : adopter une éthique du futur
Après la pandémie de coronavirus, les philosophes, politiciens et économistes réfléchissent à une « éthique du futur ». Cette éthique pourrait s’inspirer d’une idée du philosophe allemand Hans Jonas : le "principe de responsabilité”. Cette idée, qui est à la base du développement durable, repose sur le concept de responsabilité des générations présentes vis-à-vis des générations futures.
La philosophe Avishag Zafrani souligne à quel point il est nécessaire que les gouvernements réfléchissent aux implications de ce « principe responsabilité ».
Vous êtes désormais incollables sur l’écopsychologie, et avez quelques pistes pour faire face à la crise environnementale. Sans céder à la tentation de la dépression face aux thèses des collapsologues, vous pouvez agir à votre échelle et améliorer votre relation à la nature pour en faire une source de bien-être. En guise de conclusion, voici une belle phrase de Maria Skłodowska Curie, à méditer : « Nous ne pouvons pas construire un monde meilleur sans améliorer les individus. Dans ce but, chacun de nous doit travailler à son propre perfectionnement, tout en acceptant [...] dans la vie générale de l’Humanité sa part de responsabilités. ».
N’hésitez pas à consulter d’autres articles du blog comme celui sur la vaccination !
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