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Fertilité

Publié le , 10 min de lecture
Véronique Cayol
Gynécologue-obstétricienne

On peut imaginer que la fertilité ne concerne que les couples désireux d’avoir un enfant, surtout les femmes ayant des difficultés à tomber enceinte. C’est oublier qu’un enfant se conçoit à deux: les hommes peuvent tout autant rencontrer des problématiques de fertilité et, de manière générale, vouloir en apprendre plus sur le sujet. La fertilité concerne en effet toutes les personnes en âge de procréer, c’est-à-dire dès la puberté chez les hommes comme les femmes. Au-delà du couple, elle peut être un questionnement personnel: qu’est-ce qui diminue ma fertilité ? Comment l’optimiser ? Jusqu’à quel âge puis-je avoir un enfant ? Alors, que vous projetiez ou non d’avoir un bambin, quel que soit votre âge, genre ou orientation sexuelle, cet article est pour vous !

C’est quoi la fertilité ?

La fertilité est la capacité de tout être humain en âge de procréer (après les premières règles chez les filles et l’arrivée de la puberté chez les garçons) de créer la vie. Un foetus se crée à la suite de la rencontre d’une gamète mâle et femelle : la fertilité caractérise donc la capacité à produire et à faire rencontrer ces gamètes de manière normale.

La fertilité chez les femmes

Chez les femmes, la fertilité est liée à la création d’ovules dans les ovaires.

Les femmes naissent avec un stock d’ovules. À chaque cycle, un ovule arrive à maturation et est expulsé pour être fécondé. C’est ce qu’on appelle l’ovulation. Ce mécanisme s’opère dès le début de l’adolescence, vers 10-15 ans jusqu’à la ménopause, atteinte entre 45 et 55 ans.

Même chez les femmes dont les cycles ne présentent pas d’anomalie, il est important de noter qu’elles ne sont pas fertiles 24/24h, mais seulement quelques jours par mois ! L’ovule ne survit que pendant 48h après son expulsion. S’il n’est pas fécondé dans ce laps de temps, 14 jours plus tard surviennent les règles.

Néanmoins, il serait faux de penser qu’une grossesse n’est possible que 2 jours par cycle. S’il y a rapport sexuel, les spermatozoïdes peuvent rester dans l’utérus jusqu’à 3 jours après leur arrivée. Le calcul est simple : 2 jours de fertilité + 3 jours de survie de spermatozoïdes = 5 jours par cycle où la grossesse est possible. Cela reste bien sûr des approximations. Chaque femme est différente et a un fonctionnement menstruel qui lui est propre.

Par ailleurs, les événements de la vie, un choc ou un décalage horaire, peuvent déclencher l’ovulation en avance ou retard.

La fertilité chez les hommes

Les hommes sont fertiles à partir du moment où ils peuvent produire efficacement leurs gamètes mâles, plus couramment appelées spermatozoïdes. Ces derniers sont créés de manière continue par les testicules sous l’effet de la testostérone, une hormone qui augmente fortement à la puberté chez les garçons. Contrairement aux femmes qui détiennent un stock limité d’ovules, les hommes produisent des spermatozoïdes en quantités beaucoup plus importantes: par exemple, le sperme contient en moyenne 100 millions de spermatozoïdes par millilitre ! Chez les hommes capables de procréer, la fertilité n’est donc pas nécessairement liée au nombre, mais aussi à la qualité de ces gamètes. Celle-ci décroît en effet avec l’âge: bien que les hommes produisent des spermatozoïdes de leur adolescence jusqu’à la fin de leur vie, il serait faux de croire que leur fertilité reste inchangée.

Qu’est-ce qui diminue la fertilité ?

Chez l’homme et la femme

  • L’âge : au-delà de la ménopause qui marque un coup d’arrêt définitif, la fertilité décroit progressivement avec l’âge chez la femme. Ainsi, 60% des couples dont la femme est âgée de 25 ans auront conçu au bout de 6 mois, car la femme aura 25% de chance d’être enceinte par cycle. Cette probabilité est divisée par 2 à 35 ans (12% de chance), pour atteindre seulement 6% de chance à 42 ans. A cet âge, seuls 12% des couples auront un enfant dans les deux ans. Gardez bien à l’esprit, qu’il est plus difficile d’avoir un enfant en vieillissant. Donc même s’il faut se sentir prête avant de tomber enceinte, il faut tenir compte de l’horloge biologique. Les techniques d’aide médicale à la procréation ne font malheureusement pas encore de miracles et leur succès diminuent avec l’âge. La fertilité masculine diminue elle-aussi avec le temps. En effet, 78% des hommes conçoivent dans les 6 mois lorsqu’ils sont âgés de moins de 25 ans, ils ne sont plus que 58% à y parvenir au-delà de 35 ans.
25 ans 35 ans 42 ans
25% de chance par cycle 12% de chance par cycle 6% de chance par cycle
  • Les facteurs environnementaux : le tabagisme, même passif, peut diminuer les capacités reproductives, notamment en réduisant la qualité du sperme. Puisque la chaleur réduit la fertilité, les hommes travaillant au contact de fours ou à des postes de soudure peuvent eux-aussi avoir des problèmes de fertilité. L’exposition à certains pesticides (dibromochloropropane), métaux lourds (plomb), perturbateurs endocriniens (phtalates) ou solvants (éther de glycol) peut également réduire la fertilité.
  • Les pathologies hypothalamo-hypophysaires : un mot bien complexe pour désigner une anomalie dans la production d’hormones, réglée par l’hypothalamus (dans le cerveau !) qui est commun aux deux sexes. Chez la femme, il peut arriver que cela soit dû à une condition physique, par exemple le sport à outrance ou une maigreur ne permettant pas de mener à bien une grossesse.
  • Certains traitements : les traitements anticancéreux peuvent réduire la fertilité.
  • Les facteurs psychiques : le stress peut grandement diminuer les chances de concevoir. Les femmes ayant un niveau de stress élevé lors de la fécondation voient ainsi leurs chances de procréer diminuer de 40%. N’hésitez jamais à solliciter l’aide d’un spécialiste dans ce cas.
  • Le poids : chez les femmes et hommes en surpoids, certaines observations ont démontré une diminution de la fertilité liée à un fort IMC. Attention, n’incriminez pas votre poids pour autant: seul un professionnel de santé pourra vous éclairer à ce sujet et, le cas échéant, vous aider à perdre du poids pour augmenter vos chances de procréer.

fertilité-1

Chez la femme spécifiquement

  • Syndrôme des ovaires polykystiques : c’est un dérèglement hormonal qui touche 10% des femmes et c’est aussi la première cause d’infertilité chez les jeunes femmes. C’est quoi ?Des cycles longs, un excès de production de testostérone qui entraîne une hyperpilosité, de l’acné, et des difficultés ou une absence d’ovulation.
  • Insuffisance ovarienne : elle a lieu lorsque le stock d’ovules n’est pas suffisant ou de qualité moindre pour procréer, surtout après 35 ans. Lorsqu’elle touche des femmes très jeunes - ayant leur ménopause à 40 par exemple -, elle est dite prématurée. Des examens biologiques permettent de compter le nombre d’ovules restants. Néanmoins, cette insuffisance ovarienne prematurée ne concerne que 2 à 4% des femmes en âge de procréer.
  • Sténose tubaire bilatérale : les trompes de Fallope sont altérées et rendues moins perméables suite à une infection (par exemple par la bactérie chlamydiae) et altèrent ou obstruent ainsi le passage des spermatozoïdes allant vers l’ovule.
  • Anomalies utérines : en cas de malformation, la conception d’un enfant peut s’avérer plus difficile.
  • Endométriose : les porteuses de cette maladie chronique, touchant 10% des femmes, voient les cellules du tissu de leur endomètre (la “couche” tapissant l’utérus, censée accueillir un foetus et se désagrégeant durant les règles) migrer et s’implanter au-delà de l’utérus, par exemple sur les ovaires et le péritoine (tissu fin qui recouvre tous les organes). Pour des raisons multiples - génétiques, inflammatoires, hormonales, qualitatives - elles altèrent les différentes étapes de la conception d’un bébé. Elles peuvent s’accompagner aussi d’une anomalie du stock d’ovules ou de troubles de l’implantation embryonnaire.

Chez l’homme spécifiquement

  • Insuffisance testiculaire : les hommes sujets à cette insuffisance produisent des spermatozoïdes en moins bonne quantité et/ou de moins bonne qualité, ce qui réduit leur fertilité.cette insuffisance peut être quantitative et/ou qualitative (cf azoospermie, oligospermie, teratospermie) Elle peut être génétique, ou secondaire à une infection ou un traumatisme.ou encore après une chimio ou radiothérapie (dans ce cas, on conserve des spz avant d’initier le traitement)

    • L’azoospermie consiste en l’absence de spermatozoïdes
    • L’oligospermie en un nombre très réduit de spermatozoïdes
    • Et la tératospermie désigne leur dysfonctionnement (faible mobilité par exemple).
  • Les dysfonctions sexuelles : les troubles de l’érection et de l’éjaculation peuvent diminuer la fertilité. Rien de catastrophique, puisque la majorité des hommes expérimentent ces dysfonctions, parfois sans cause sous-jacente. Si le souci persiste ou mine votre vie sexuelle, n’hésitez pas à en parler à un professionnel de santé pour avoir un accompagnement adapté, votre médecin traitant ou un urologue par exemple.

Comment optimiser mes chances de tomber enceinte ?

Bien connaître sa période de fécondité

Lorsqu’une femme est réglée regulièrement, on considère qu’elle a un cycle d’environ 28 jours avec de faibles variations entre les cycles - mais surtout pas de panique si ce n’est pas le cas. L’ovulation surviendrait au 14ème jour. Pour rappel : l’ovulation est LA fenêtre de fécondité optimale pour la femme, il faut donc avoir des rapports sexuels autour de cette période pour optimiser ses chances d’être enceinte. Néanmoins, comme dit précédemment, les cycles varient beaucoup d’une femme à l’autre et il peut être compliqué de désigner précisément sa date d’ovulation.

Pas de panique : reportez sur un calendrier, ou une application dédiée, vos règles et essayez de comprendre la durée de vos cycles. Lorsque vous maîtriserez leur fonctionnement, il vous sera plus simple de connaître - grosso modo - votre période d’ovulation.

La recette magique: des rapports sexuels réguliers !

En l’absence de pathologie ou d’antécédent particulier chez la femme ou l’homme, le meilleur moyen de savoir si on peut avoir un bébé est d’essayer naturellement sous la couette !

De manière générale, il n’y a qu’une seule recette gagnante : il faut avoir des rapports sexuels réguliers entre un homme et une femme pour augmenter ses chances de tomber enceinte. Tous les 2 jours est amplement suffisant, mais rien n’empêche d’en avoir plus.

La durée de vie des spermatozoïdes étant de 1 à 3 jours dans l’utérus féminin, avoir des rapports à J12-J14-16 ou J11- J13-J15-16 est optimal… mais n’oubliez pas d’avoir un peu de spontanéité !

Quid des techniques d’aide médicale à la procréation ?

Les techniques d’aide médicale à la procréation (AMP) ne règlent pas tous les problèmes!

Avec la FIV ou l’ICSI, les taux de grossesses et d’accouchement sont de 20 et 15% avant 35 ans, de 16 et 12% à 38 ans, 14 et 9% à 40 ans et 9 et 6% à 42 ans - ce qui est finalement assez proches des pourcentages chez les couples n’ayant pas recours à l’AMP.

Quand faire un bilan de fertilité ?

Un bilan de fertilité permet de savoir si la femme ou l’homme présente des dysfonctionnements dans sa fertilité pouvant diminuer leurs chances de procréer. Il est conseillé en l’absence de survenue d’une grossesse chez un couple de moins de 35 ans, bien portant, sans antécédent medical particulier et qui a des rapports sexuels réguliers depuis 1 an. Dans certains cas, le bilan peut être fait au bout de 6 mois.

Attention, pas besoin de faire un bilan pour savoir “où on en est de sa propre fertilité” (sauf dans un projet de conservation d’ovocytes). Les examens qui donnent une évaluation de la "réserve ovarienne” sont à analyser dans leur globalité (antécédents médicaux de la patiente, mode de vie, tabagisme…), et donnent une information au temps T. Elles peuvent fluctuer et évoluer de façon différente dans le temps.

En cas de doute sur votre fertilité, ne restez pas seul.e avec votre inquiétude: consultez, seul.e ou en couple, un professionnel de santé (médecin, gynécologue, ) qui saura vous orienter au mieux pour chercher une solution à vos difficultés.

Pas de panique si l’enfant n’arrive pas aussi vite que prévu : les grossesses dès le 1er mois ne sont pas monnaie courante ! La fertilité décroît avec l’âge, mais également selon l’environnement et les habitudes de vie. Si vous avez un doute sur vos capacités de procréation, n’hésitez jamais à en parler à un.e professionnel.le de santé. Dans la majeure partie des cas, un peu de patience et du temps au lit conduisent à une grossesse, à condition de s’y prendre au bon moment ! N’hésitez pas à poursuivre votre lecture avec notre article sur l’équilibre alimentaire.

Retrouvez d’autres articles et des Q/R sur le site du Docteur Véronique Cayol, gynécologue-obstétricien : veroniquecayol-gyneco.paris

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