Gènes BRCA


Aujourd’hui, la génétique joue un rôle prédominant dans la prévention des cancers. En effet, nous sommes de plus en plus à même de faire la différence entre un gène sain et un gène comportant des mutations dangereuses. Si les mutations d’un gène sont la plupart du temps inoffensives, ou bien très rarement bénéfiques ; elles peuvent parfois être néfastes. Les mutations néfastes peuvent prendre différentes formes et notamment mettre en péril la santé du patient. On sait notamment que 4 personnes sur 1000 atteintes de cancer, ainsi que 5 à 10% des cancers du sein féminin sont dues à des prédispositions génétiques. C’est le cas des gènes BRCA qui, une fois mutés, augmentent significativement le risque de développer un cancer du sein à un âge précoce ou après diagnostic d’un premier cancer, ainsi qu’un cancer de l’ovaire (essentiellement après 40 ans). Nabla vous livre des clefs de compréhension.
Que sont les gènes BRCA ?
Origine
BRCA est une abréviation résultant de l’anglais “BReast CAncer” (cancer du sein). La découverte de ces deux gènes est très récente puisque le gène BRCA 1 fut découvert sur le chromosome 17 en 1994 ; tandis que le BRCA 2 l’a seulement été en 1995 sur le chromosome 13.
Fonction
Les gènes BRCA 1 et BRCA 2 (dont nous sommes tous pourvu) ont pour but d’éviter la prolifération de cellules cancéreuses. Pour ce faire, ces gènes réparent l’ADN et corrigent ou suppriment les cellules dysfonctionnelles. Malheureusement, en cas de mutations délétères sur les gènes BRCA 1 et/ou BRCA 2, ces derniers ne remplissent plus leurs fonctions et donc laissent proliférer les cellules cancéreuses. Par conséquent, cela augmente significativement le risque de développer un cancer du sein et des ovaires.
Quelle est la différence entre le gène BRCA1 et BRCA2 ?
Localisation
Comme indiqué précédemment, la première différence entre le gène BRCA 1 et BRCA2 est l’emplacement : respectivement sur les chromosomes 17 et 13.
Risque
Pour ce qui est du risque de développer un cancer, il est plus élevé avec une mutation sur le gène BRCA 1 qu’avec une mutation sur le BRCA 2. En effet, une patiente porteuse de la mutation sur le BRCA1 a entre 51 et 75 % de risque de développer un cancer du sein avant ses 70 ans, et 33 à 55% de risque dans le cas d’une mutation sur le gène BRCA2. Elle augmente également de 45% ses risques de développer un cancer des ovaires si elle est porteuse d’une mutation gène BRCA1, et de 12% dans le cas d’une mutation du gène BRCA2.
Comment savoir si l’on est porteur d’un gène cancéreux ?
Avant toute chose, quelques notions d’épidémiologie : la fréquence des personnes porteuses d’une mutation de BRCA1 et BRCA2 est estimée à environ 2 femmes sur 1000. Comme il y a en France environ 20 millions de femmes âgées de 20 à 70 ans, 40 000 environ sont porteuses de mutations et donc à haut risque de développer un cancer du sein ou des ovaires.
Le test génétique
Pour savoir si l’on est porteur d’un gène cancéreux, une seule solution : le test génétique ! En France, cela est possible après une consultation spécialisée “oncogénétique” qui évalue si les critères sont réunis pour réaliser ce test. Avec une prise de sang suivie de 3 à 6 mois d’analyse (contre 15 jours aux États-Unis), on peut évaluer le risque pour la patiente.
Qui est éligible à ce test ?
Il est bon de savoir que ce test n’est pas utile pour tous. En effet, la proportion de cancer du sein étant importante dans la population générale, avoir un seul parent touché par un cancer du sein n’est pas suffisant pour conclure à un lien génétique. Pour ce faire, il existe un tableau donnant un indice du risque génétique : le score empirique d’Eisinger. Celui-ci prend en compte l’âge, le sexe, les cancers des ovaires, l’existence de mutations déjà identifiées, ect. Par conséquent, il révèle si oui ou non un test est utile.
Les gènes étudiés
Si jamais le score empirique d’Eisinger conclut qu’un test génétique peut-être intéressant, alors les gènes BRCA 1 et BRCA 2, ainsi que quatre autres gènes seront étudiés : PALB2, TP 53, CDH 1, et PTEN. En effet, tous ces gènes un fois mutés augmentent le risque de cancer du sein et des ovaires. Le choix de ces six gènes n’est pas le fruit du hasard puisqu’il est établie par le “Groupe Génétique et Cancer” (Organisme chargé d’évaluer les risques familiaux de cancer et travaillant à une meilleure prise en charge).
Afin d’homogénéiser les pratiques au niveau national, le Groupe génétique et cancer (GGC)-Unicancer a défini un panel de 13 gènes d’utilité clinique (sur-risque néoplasique avéré, prise en charge médicale et tests génétiques pré-symptomatiques pour les apparentés) à analyser devant tout contexte évocateur « sein/ovaire » : BRCA1, BRCA2, PALB2, TP53, CDH1, PTEN, RAD51C, RAD51D, MLH1, MSH2/EPCAM, MSH6, PMS2. Un autre enjeu, commun à l’ensemble de ces gènes, est la caractérisation des variants de signification inconnue. Aujourd’hui, les laboratoires en identifient autant que de variants délétères. Leur classification est particulièrement complexe.
Quelles sont les conséquences si l’on est porteur d’un gène BRCA ?
Accompagnement médical
S’il est avéré qu’une patiente est porteuse d’un gène BRCA, alors un suivi précis est mis en place. Celui-ci sera personnalisé et fera appel à plusieurs professionnels de santé : oncologues, radiologues, onco-généticiens, gynécologues, etc. Cet accompagnement complet permet de surveiller l’état des seins et des ovaires et d’anticiper toutes sortes de complications.
Examens
L’accompagnement médical est en effet ponctué d’examens médicaux afin de suivre l’évolution de la patiente.
Pour les seins
Tout d’abord, une surveillance clinique des seins tous les 6 mois est requise à partir de 20 ans. A partir de 30 ans et jusqu’à 65 ans, une mammographie annuelle, souvent associée à une échographie concomitante avec une IRM peuvent être réalisées. Un début de surveillance par imagerie mammaire (IRM et échographie) peut se discuter avant 30 ans en fonction de l’histoire familiale. Si les examens concluent à un risque trop important de cancer, alors sur concertation des médecins, une opération chirurgicale peut-être décidée. Une mastectomie peut en effet être choisie (ablation partielle ou totale d’un ou des deux seins ; elle reste non recommandée avant 30 ans).
Pour les ovaires
Examen clinique pelvien annuel à partir de 20 ans (pas d’autre examen recommandé). L’annexectomie bilatérale prophylactique (ablation d’une trompe de Fallope et de l’ovaire) peut être recommandé à 40 ans (potentiellement différée à 45 ans pour BRCA2) et est à moduler en fonction d’éventuels antécédents de cancer de l’ovaire dans la famille et leur âge de survenue.
Nous avons tous les gènes BRCA et heureusement, car ils nous sont d’une utilité capitale pour prévenir la prolifération de cellules cancéreuses. Malheureusement, dans certains cas, une fois mutés et donc inactifs, ils ne peuvent plus enrailler la production de cellules cancéreuses. Toutefois, il faut bien garder en tête qu’avoir ces gènes mutés ne garantit pas l’apparition d’un cancer. Prédispositions ne veut pas dire prédiction : de multiples facteurs interviennent dans le déclenchement d’un cancer. De plus, le cancer du sein est l’un des cancers qui se soigne le mieux en France, avec plus de 75% de rémission. Enfin, les connaissances actuelles permettent d’identifier tôt ce genre de mutation et donc de fournir tout le suivi médical nécessaire pour un accompagnement complet. A l’état actuel des recommandations, l’accès aux tests est restreint par un certain nombre de critères, qui les réservent aux femmes jugées "à haut risque" et aux suspicions de cancers familiaux, et est donc encadré par une consultation spécialisée.
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