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Hypothyroïdie

Publié le , 11 min de lecture
Laëtitia Willerval (son site)
Diététicienne-nutritionniste
Karima Amazzough
Médecin généraliste
Renaud Razafindrazaka
Médecin généraliste
Marie-Laure Bry
Médecin généraliste
Mariama Bah
Médecin urgentiste

Vous vous sentez constamment fatigués, épuisés, vous avez froid et vous avez pris du poids sans forcément comprendre pourquoi ? Il se pourrait que vous soyez atteint d’hypothyroïdie. C’est un mot un peu effrayant à première vue et une pathologie dont on ne connaît souvent pas grand-chose. En réalité, l’hypothyroïdie est plutôt simple à comprendre et à dépister et on sait bien la soigner ! Cette maladie est en effet tout simplement liée à un organe nommé “thyroïde”, qui ne produit plus autant d’hormones qu’avant et ralentit alors le fonctionnement du corps. Les médecins Anne-Laure Rousseau et Jean-Pierre Leroy ainsi que Laëtitia Willerval, nutritionniste-diététicienne vous expliquent tout ce qu’il faut savoir sur cette pathologie.

Qu’est-ce que la thyroïde ?

La thyroïde est une glande (c’est-à-dire un organe qui produit des hormones) située dans le cou, et dont le rôle est d’une importance cruciale dans le fonctionnement du corps humain, puisque les hormones qu’elle sécrète jouent un rôle sur le coeur, le foie, le métabolisme, l’humeur, le poids, la solidité du squelette, le développement du cerveau chez le foetus et l’enfant, la température corporelle, le transit intestinal… et la liste est encore longue !

La thyroïde fabrique deux hormones, qu’on appelle la T3 et la T4. Ces hormones se fixent sur les organes un peu partout dans le corps et leur envoient des signaux pour leur indiquer comment fonctionner. En temps normal, la machine est bien rodée et la thyroïde sait ajuster sa production d’hormones aux différentes situations par lesquelles le corps passe (sommeil, maladie, grossesse, adolescence, digestion…). Malheureusement, il peut arriver que la thyroïde cesse de fonctionner correctement, et se mette à sécréter soit trop d’hormones (auquel cas on entre en hyperthyroïdie), soit pas assez (hypothyroïdie).

Petite info du jour : L’hypothyroïdie est le trouble le plus fréquent de la glande thyroïdienne - 3 fois plus fréquente chez les femmes que chez les hommes !

Qu’est-ce que l’hypothyroïdie ?

Si vous souffrez d’hypothyroïdie, cela signifie que votre thyroïde est en sous-activité et ne produit pas assez de T3 et de T4, ce qui va avoir pour conséquence de fatiguer votre corps, et notamment votre coeur.

Quels sont les facteurs de risque de l’hypothyroïdie ?

Certains facteurs peuvent vous rendre plus susceptible de souffrir d’hypothyroïdie :

  • Carence en iode
  • Avoir plus de 60 ans
  • Souffrir d’une carence alimentaire en iode
  • Être enceinte (car on a besoin de davantage de T3 et de T4 pendant la grossesse)
  • Avoir soi-même déjà souffert de maladies thyroïdiennes ou de maladies auto-immunes (comme le diabète de type 1), ou avoir des membres de sa famille ayant souffert de ces maladies
  • Prendre des médicaments comme le lithium ou l’amiodarone, ou suivre un traitement contre l’hyperthyroïdie

Quels sont les symptômes de l’hypothyroïdie ?

L’hypothyroïdie peut être à l’origine d’un grand nombre de symptômes très différents. Attention, vous n’aurez pas forcément tous les symptômes en même temps ! N’hésitez pas à consulter dès même d’un ou deux symptômes - prévenir vaut mieux que guérir. Parmi les plus fréquents, on peut citer :

  • Une forte fatigue inexpliquée
  • Une sensation de froid, une sensibilité particulière au froid
  • Un sentiment de “cafard”, de déprime, voire de dépression (envie de ne rien faire, tristesse, abattement…)
  • Une prise de poids parfois importante, alors même que vous avez l’impression d’avoir moins faim et de ne pas manger plus que d’habitude
  • Une constipation
  • Un rythme cardiaque ralenti
  • Des problèmes de concentration, de mémoire
  • Un cycle menstruel irrégulier, voire parfois un arrêt des règles ou une infertilité
  • Des douleurs musculaires
  • Des cheveux secs, cassants
  • Des oedèmes (sortes de gonflements rougeâtres), surtout au niveau du visage, avec notamment des yeux “bouffis”
  • Un possible goitre, c’est-à-dire un gonflement de la thyroïde qui donne l’impression que la gorge est gonflée.

Le nombre et l’intensité de ces sensations dépend beaucoup du stade de la maladie : il est tout à fait possible que vous souffriez d’une hypothyroïdie encore “légère” et donc d’une version “light” de certains de ces symptômes qui s’intensifient petit à petit.

Enfin, ces troubles ne sont pas exclusifs à l’hypothyroïdie : il est possible que vous ressentiez certains symptômes de la liste ci-dessus (notamment d’une prise de poids inexpliquée ou d’une forte fatigue) sans être atteint d’hypothyroïdie ! De façon générale, si vous vous reconnaissez dans un ou plusieurs éléments de cette liste, n’hésitez pas à en parler à votre médecin traitant la prochaine fois que vous le verrez ou à directement poser la question à l’équipe de soins Nabla.

Comment diagnostiquer une hypothyroïdie ?

Pour diagnostiquer une hypothyroïdie, on mesure le taux de TSH lors d’une prise de sang. Si le taux de TSH est anormal, alors on recontrôle le taux de TSH et de T4. En effet, lorsque le corps ne produit plus assez de T4 et de T3, l’hypophyse “s’alarme” et produit encore plus de TSH en réaction. On diagnostique donc une hypothyroïdie lorsque le taux de TSH est au-dessus d’un certain seuil. Il est également possible, mais très rarement, de souffrir d’hypothyroïdie mais garder un taux de TSH normal - c’est ce qu’on appelle l’hypothyroïdie centrale.

On vient de me diagnostiquer une hypothyroïdie : que va-t-il se passer ?

L’hypothyroïdie n’est pas considérée comme une urgence, donc pas d’inquiétude : on va pouvoir prendre le temps de tout vous expliquer et d’ajuster votre traitement en fonction de votre profil. Il est cependant très important de traiter cette pathologie, puisqu’elle génère des effets secondaires et des dysfonctionnements importants dans votre corps.

Aujourd’hui, cela ne se rencontre pratiquement plus, mais si on laisse une hypothyroïdie évoluer trop longtemps, il est possible qu’elle évolue vers une complication grave nommée “myxoedème”. Là encore, pas d’inquiétude, vos médecins vont prendront en charge bien avant que cela ne se produise et vous permettront de ne pas rencontrer ce problème !

  • Les hypothyroïdies provoquées par un médicament ou certaines thyroïdites sont temporaires et peuvent être rapidement soignés. Votre médecin vous expliquera tout à ce sujet !
  • Si vous souffrez de la maladie de Hashimoto, votre thyroïde ne produit plus assez (voire plus du tout) de T4 et de T3. Vos médicaments vont donc venir “remplacer” votre thyroïde, et jouer le rôle qu’elle n’est plus capable de remplir. Vous prendrez donc des hormones T4 sous forme de comprimés, tous les matins à jeun (avant le petit déjeuner), idéalement un peu avant le petit-déjeuner (pas besoin de prendre des hormones T3, votre corps les fabriquera lui-même à partir des hormones T4).
  • Si vous prenez des compléments de calcium ou de fer, faites attention à les prendre un peu après votre traitement de T4 : en effet, si vous preniez tous vos médicaments en même temps, le calcium et le fer risqueraient d’interférer avec la T4. Il faut donc respecter un délai de 2 à 4 heures entre la prise de lévothyroxine et les autres médicaments.

Quels aliments privilégier en cas d’hypothyroïdie ?

Des aliments riches iode

Veillez à avoir une consommation régulière d’aliments riches en iode (fruits de mer, poissons, algues, sel iodé ..) car l’apport en iode est important pour assurer la production normale des hormones thyroïdiennes. En cas de doute, faire une iodurie pourrait se révéler intéressant pour vérifier son taux en iode. N’hésitez pas à en parler à votre médecin.

Des aliments riches en sélénium et en zinc

Notre nutritionniste vous conseille également de consommer des aliments riches en sélénium et en zinc comme les fruits de mer, les légumineuses, les oléagineux (surtout les graines de courge, les noix du brésil et les amandes), les oeufs et les abats.

Des aliments crucifères et à base de soja

Essayez cependant de limiter (sans pour autant les supprimer) les légumes crucifères (brocoli, chou vert, chou frisé, chou-fleur, chou de Bruxelles etc..) ) et les produits à base de soja (lait de soja, tofu, sauce soja, miso ou tempeh) car ils sont susceptibles d’inhiber la disponibilité d’iode pour la glande thyroïde s’ils sont consommés en excès.

En cas de thyroïdite d’Hashimoto

En cas de thyroïdite d’Hashimoto, qui est une inflammation chronique auto-immune de la thyroïde, la santé des intestins est très importante. Dans votre alimentation, on vous conseille donc de limiter tous les aliments qui pourraient causer des inflammations. Essayez d’avoir un apport régulier en probiotiques et en prébiotiques, favorisez les oméga 3 dans l’alimentation et supprimez au maximum les aliments industriels ultra transformés, les fritures et le sucre blanc. Limiter éventuellement les aliments contenant du gluten ou des produits laitiers de vache pourrait également aider à apaiser l’estomac.

Comment vit-on avec une hypothyroïdie ?

Avant tout, soyez encore une fois rassuré : l’hypothyroïdie est une maladie dont les symptômes apparaissent et évoluent progressivement. Vous aurez donc le temps de la voir apparaître, de vous poser des questions, et d’aller consulter un médecin qui pensera très vite à la maladie d’Hashimoto. On ne guérit pas de cette maladie et la thyroïde finit par devenir inactive à cause de la réaction auto-immune de votre corps, mais vos médicaments prendront le relais. Vous pourrez alors vivre une vie absolument normale, sans les symptômes listés plus haut, avec pour seule contrainte de prendre votre T4 tous les matins.

En cas de grossesse

Si vous envisagez une grossesse, faites attention, car elle peut conduire à une augmentation de 30% de la dose de lévothyroxine ce qui augmente le dosage de TSH.

Liste des causes possibles de l’hypothyroïdie

L’hypothyroïdie peut être provoquée par différents facteurs :

La maladie de Hashimoto

Le plus souvent, l’hypothyroïdie vient d’une maladie qu’on appelle la maladie de Hashimoto. Il s’agit d’une réaction auto-immune qui peut survenir à cause du terrain génétique et des facteurs d’environnement, encore assez peu connus. C’est une maladie auto-immune dont on ne comprend donc pas encore complètement l’origine. Elle touche en très large majorité des femmes, et notamment des femmes de plus de 60 ans. Si vous souffrez de la maladie de Hashimoto, cela signifie que votre corps s’est “retourné” contre votre thyroïde et l’attaque comme un élément étranger, jusqu’à l’affaiblir et l’empêcher de produire ses hormones normalement. Cela peut paraître impressionnant, mais pas d’inquiétude : cette maladie est bien connue des médecins, et constitue la cause “classique” la plus fréquente d’hypothyroïdie. On saura donc bien s’occuper de vous si vous en souffrez, mais vous devrez suivre le traitement toute votre vie !

L’hypothyroïdie iatrogène

Votre hypothyroïdie peut aussi être “iatrogène”, c’est-à-dire due à des médicaments. Cette hypothyroïdie disparaît en général dès qu’on arrête de prendre le traitement responsable du problème. Parmi les médicaments qui peuvent provoquer une hyperthyroïdie, on compte notamment:

  • Le llithium, qu’on utilise notamment pour traiter certaines maladies mentales comme la bipolarité ou la schizophrénie.
  • L’amiodarone, qu’on prescrit à certaines personnes souffrant d’anomalies du rythme cardiaque.

L’hyperthyroïdie

L’hypothyroïdie est également un effet secondaire possible de certains médicaments utilisés pour soigner la maladie “inverse”, c’est-à-dire l’hyperthyroïdie. Ces médicaments (appelés anti-thyroïdiens de synthèse) ont en effet pour objectif de diminuer la sécrétion de T3 et de T4, et en cas de surdosage, peuvent provoquer une hypothyroïdie. Pas d’inquiétude cependant : dans le cadre de votre suivi médical, votre médecin fera bien attention à ce que vos dosages vous conviennent, et les corrigera si nécessaire, auquel cas votre hypothyroïdie “temporaire” disparaîtra d’elle-même.

L’inflammation de la thyroïdie

L’inflammation de la thyroïde, qu’on appelle “thyroïdite” peut provoquer soit une hyperthyroïdie, soit une hypothyroïdie (souvent l’une puis l’autre). Parmi les thyroïdites, on peut distinguer :

  • La thyroïdite subaiguë de De Quervain, nom un peu “barbare” qui désigne en réalité une inflammation de la thyroïde due à un virus. La maladie commence le plus souvent avec des symptômes proches de ceux d’une grippe ; la thyroïde devient ensuite tendue, douloureuse. Cette thyroïdite reste rare, se traite très bien (notamment avec des anti-inflammatoires) et finit par guérir relativement rapidement.
  • La thyroïdite silencieuse, avec une thyroïdite qui va gonfler, mais ici de façon indolore (d’où le nom “silencieuse”), à la suite d’une réaction auto-immune. Cette thyroïdite touche le plus souvent des femmes peu après leur accouchement (en général dans les trois à quatre mois suivant la grossesse, et jusqu’à douze mois après l’accouchement), et se manifeste elle aussi par une hyperthyroïdie, puis une hypothyroïdie. Cette maladie, là encore, est temporaire et se soigne bien.
  • La hyroïdite auto-immune du post-partum (PP) présente les mêmes mécanismes auto-immuns avec souvent un petit goitre. La thyrotoxicose initiale transitoire (vers les 2 mois PP) est aussi fréquente et peut évoluer vers l’hypothyroïdie du troisième au sixième mois du post partum. L’hypothyroïdie est récessive dans l’année le plus souvent mais peut être définitive. Elle est souvent non diagnostiquée, les symptômes étant attribués aux conséquences de la grossesse, au manque de sommeil. Sa fréquence est estimée à 5 % des grossesses.

Le traitement par radiothérapie prolongée

Dans certains cas, c’est un traitement par radiothérapie prolongée autour de la zone de la gorge qui peut provoquer l’hypothyroïdie.Cela reste rare et n’arrive qu’à certains patients, ceux qui ont souffert de cancers de la gorge par exemple. L’hypothyroïdie peut se manifester des années après ce traitement, mais cela reste un cas très particulier.

L’hypothyroïdie congénitale

Il est également possible de souffrir de ce que l’on appelle une hypothyroïdie congénitale, c’est-à-dire avoir un dysfonctionnement de la thyroïde dès la naissance. On fait passer alors systématiquement à tous les nouveaux nés à la maternité le test de Guthrie, qui consiste à analyser une goutte de sang prélevée au niveau du talon du l’enfant pour vérifier que sa thyroïde fonctionne bien.

Les cancers et tumeurs

Certains types de tumeurs ou de cancers (notamment des tumeurs au niveau de l’hypophyse ou de l’hypothalamus, des tumeurs des ovaires, ou un cancer de la thyroïde) peuvent mener à une hypothyroïdie, mais cette cause est très rare. L’hypophyse produit la TSH, l’hormone qui donne elle-même à la thyroïde “l’ordre” de fabriquer de la T3 et de la T4, et l’hypothalamus sert lui-même à stimuler l’hypophyse. Logiquement, si on a un problème au niveau de l’hypophyse ou de l’hypothalamus, le problème se répercute sur la thyroïde. Dans ce cas, on parle d’hypothyroïdie centrale (puisque liée au cerveau).

Les carences sévères en iode

Historiquement, les premiers cas d’hypothyroïdie étaient dus à un problème qu’on ne rencontre plus aujourd’hui : des carences sévères en iode, un élément qui joue un rôle très important sur la thyroïde et dont le manque peut mener à des problèmes thyroïdiens. C’était par exemple d’hypothyroïdie que souffraient les célèbres “crétins des Alpes” : leur hypothyroïdie était temporaire, et a notamment été soignée grâce à du sel de table supplémenté en iode. Il est aujourd’hui très rare de souffrir de telles carences en iode, mais cela reste une cause possible d’hypothyroïdie.

Il est donc aujourd’hui devenu extrêmement rare d’être confronté à des formes graves de la maladie : la quasi-totalité des personnes souffrant d’hypothyroïdie sont soit bien portantes et sous traitement, soit à un stade encore “peu avancé” de la maladie qui finira par être remarqué, diagnostiqué et soigné au fur et à mesure qu’il deviendra plus visible. N’hésitez donc surtout pas à parler à votre équipe de soins ou à votre médecin traitant du moindre symptôme.

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