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Maladie de Crohn

Publié le , 8 min de lecture
Anne-Laure Rousseau
Médecin cardio-vasculaire
Sébastien Talabardon
Ostéopathe kinésithérapeute
Laëtitia Willerval (son site)
Diététicienne-nutritionniste
Jean-Pierre Leroy
Médecin généraliste
Mariama Bah
Médecin urgentiste

Maux de ventre inexpliqués, ballonnements, transit perturbé : autant de symptômes désagréables mais qui restent la plupart du temps passagers. Cependant, lorsque ces problèmes s’ancrent dans la durée, ils peuvent dissimuler des maladies bien plus handicapantes qu’une “simple” indigestion. La maladie de Crohn en est l’une des plus répandues, bien que l’on ait encore du mal à comprendre son origine. Il est cependant tout à fait possible de la soulager au moyen d’un régime adapté, d’un traitement de maintien et d’un suivi médical régulier.

La maladie de Crohn, qu’est-ce que c’est ?

La maladie de Crohn est une maladie inflammatoire chronique du tube digestif. Elle concerne une personne sur 1000 en France et se déclare le plus souvent entre vingt et trente ans, mais peut survenir à tout âge. Elle atteint le plus souvent l’intestin grêle et le colon, mais peut également s’attaquer à n’importe quelle partie du système digestif.

Quelles en sont les causes ?

Malheureusement, la maladie de Crohn n’a pas de cause unique identifiée. La plupart des médecins estiment qu’elle est favorisée par certains facteurs de prédisposition, comme la consommation de tabac ou des dysfonctionnements de la flore intestinale (dont on connaît encore très mal le fonctionnement), et qu’elle pourrait avoir des causes immunitaires ou génétiques. On ne peut pas la guérir, mais ce n’est pas pour autant qu’on ne sait pas la soulager, au contraire !

Comment se manifeste la maladie de Crohn ?

Les symptômes les plus communs

La maladie de Crohn crée des inflammations du système digestif, ce qui cause souvent de fortes douleurs abdominales, et rend le transit pénible et imprévisible. La maladie se manifeste sous forme de périodes de crise appelées « poussées », qui peuvent durer plusieurs semaines ou plusieurs mois, suivies de périodes d’accalmie. D’autres symptômes, comme une forte fatigue, d’importantes variations de poids inexpliquées, ou un retard de croissance chez un enfant, peuvent également vous mettre la puce à l’oreille.

L’inflammation, l’anémie, les carences

La maladie peut également être détectée grâce à une prise de sang. En effet, bien que située dans la zone des intestins, elle a des effets sur l’ensemble du corps et peut même créer des inflammations ailleurs dans l’organisme. Ainsi, les signes suivants peuvent être liés à une maladie de Crohn :

  • Une anémie
  • Des carences alimentaires
  • Un syndrome inflammatoire biologique (une inflammation du corps).

Des symptômes plus rares

Manifestations plus rares, mais possibles :

  • L’apparition d’un érythème noueux (petites taches rouges et violettes sur la peau)

  • Des douleurs articulaires

  • Des problèmes ophtalmologiques.

Comment diagnostiquer la maladie de Crohn ?

Il est très probable qu’on vous diagnostique ou qu’on vous ait diagnostiqué avec une endoscopie digestive, un examen au cours duquel on insèrera une sonde dans votre appareil digestif pour examiner l’état de vos intestins, réaliser des biopsies (des prélèvements d’échantillons des tissus) et y déceler les lésions typiques de la maladie. Pas d’inquiétude, vous n’aurez pas à assister à tout cela : cet examen se fait sous anesthésie.

Comment soigner la maladie de Crohn ?

Il existe deux pistes de traitement : l’une est médicale (avec des médicaments), l’autre est chirurgicale (via une opération donc). Le traitement médical s’adresse aux poussées et aux lésions inflammatoires non compliquées, tandis que le traitement chirurgical est bien moins fréquent, et reste destiné à soulager les complications de la maladie et les formes résistantes au traitement médical.

Pour soulager la maladie de Crohn, il faut recourir à un un spectre de traitements et recommandations adaptés à chaque profil. On va donc vous apprendre à vivre avec vos symptômes, en vous recommandant d’adopter ces deux mesures-clés lors des poussées :

  • Beaucoup de repos d’une part
  • Un régime alimentaire adapté d’autre part

Dans certains cas, il faudra aussi corriger les différentes carences alimentaires provoquées par la maladie.

Du côté des médicaments, il existe deux types de traitements :

  • Un traitement pour venir soulager les poussées par des médicaments, notamment avec des corticoïdes.

  • Un traitement de fond, plus spécifique, pour diminuer la fréquence des poussées.

Quels vaccins doit-on recevoir lorsque l’on souffre de la maladie de Crohn ?

Certains des traitements prescrits aux patients de la maladie de Crohn sont des traitements immunosuppresseurs, c’est-à-dire qu’ils endommagent, voire détruisent les protections du système immunitaire. Dit comme ça, ça peut paraître inquiétant, mais pas de panique : on va prendre soin de vous et tout mettre en place pour qu’il ne vous arrive rien ! Cela va notamment passer par la vaccination : avant de mettre votre traitement en route, on s’assurera que vous êtes à jour dans vos vaccins, et on vous injectera les vaccins manquants si nécessaire. On vous vaccinera également contre le pneumocoque (une bactérie qui peut provoquer la pneumonie), pour vous éviter d’attraper cette maladie : vous n’avez pas besoin de ça ! Enfin, chaque année, il sera important que vous receviez le vaccin contre la grippe, là encore pour soutenir votre système immunitaire fragilisé.

Que peut-on manger lorsqu’on est atteint de la maladie ?

Tout va dépendre de votre situation : si vous venez de recevoir votre diagnostic, il est probable que votre maladie de Crohn ne soit pas encore contrôlée, auquel cas il faudra effectivement faire attention à certains aliments. En revanche, à terme, lorsque votre maladie sera contrôlée, c’est-à-dire que vos poussées seront restreintes et ne seront plus source de détresse pour vous, vous n’aurez pas besoin de régime alimentaire particulier en dehors des phases de poussées.

En cas de maladie non contrôlée ou de poussée, à quels aliments dois-je faire attention ?

Il y a deux situations dans lesquelles vous devrez faire attention et suivre ce qu’on appelle un “régime sans résidus” : en phase de poussée, et juste après votre diagnostic.

  • En phase de poussée, la priorité est de soulager vos intestins. On va donc avoir recours au régime sans résidus, en diminuant (voire supprimant) les aliments riches en fibres, des éléments que les intestins ne sont pas capables de digérer. Ce régime vous permettra de digérer vos repas bien plus facilement, de diminuer votre nombre de selles chaque jour, et de vous apporter davantage de confort lors de vos poussées.
  • Si votre maladie est tout juste diagnostiquée et pas encore contrôlée, il sera également important de suivre ce régime et d’éviter certains aliments, le temps que la situation “rentre dans l’ordre”. On vous conseillera probablement d’éviter les produits les plus difficiles à “traiter” pour l’intestin, là encore dans le but de faciliter la tâche à un système digestif déjà très sollicité par la maladie. Parmi ces aliments à éviter dans un premier temps, on compte la viande rouge, la charcuterie, la panure et la friture, les farines et céréales complètes, les crucifères (chou-fleur, brocoli…), les légumineuses, les fruits crus, l’alcool, la caféine et les boissons sucrées.

Pas de panique cependant : la liste des aliments à éviter avec un tel régime peut certes paraître impressionnante, mais ce régime “strict” n’a vocation à durer qu’un temps. De plus, même en phase de poussée, vous pourrez continuer à manger des aliments “peu stressants” et faciles à digérer pour l’organisme :

  • Les produits laitiers allégés ou écrémés
  • Les viandes maigres blanches bien cuites (volaille…), le jambon blanc...
  • Le poisson
  • Les oeufs
  • Les pâtes, le riz, la semoule
  • Les pommes de terre
  • Le pain, les biscottes
  • Les carottes cuites
  • De l’eau, beaucoup d’eau !

Si je fume, si je bois, c’est grave ?

De façon générale, des facteurs comme le tabac, l’alcool, le stress ou le manque de sommeil ne font jamais de bien à l’organisme, et il est toujours préférable de les diminuer autant que possible, surtout pour soulager votre corps en période de poussée. Si vous pensez avoir besoin de faire des ajustements à ce niveau-là, parlez-en à votre médecin ou à votre psychologue. Ces professionnels de santé pourront vous accompagner, vous conseiller, et voir avec vous comment certains petits changements dans votre hygiène de vie pourraient vous faire un bien considérable.

Comment vivre avec la maladie de Crohn ?

La maladie de Crohn est une maladie avec laquelle on peut parfaitement vivre un quotidien “normal” et apaisé ! On n’en guérit pas, mais on apprend à en apprivoiser les symptômes, jusqu’à les maîtriser. Avec un suivi attentif de vos médecins, quelques bons réflexes du côté de votre régime alimentaire, tout ira bien pour vous. Personne ne vous laissera seul.e avec votre maladie : vous allez apprendre petit à petit à la connaître, à intégrer ses particularités à votre quotidien, le tout grâce à un ensemble de professionnels de santé dédiés qui sauront vous accompagner au mieux en fonction de ses symptômes.

Il est également important de noter que la maladie de Crohn est reconnue comme Affection à Longue Durée (ALD), un statut qui vous permettra de voir vos frais de santé pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale, et qui facilitera donc grandement votre accès aux soins. Pour obtenir ce statut, c’est très simple : il vous suffira d’en parler à votre médecin traitant afin que celui-ci remplisse une déclaration spécifique.

Enfin, il existe une large communauté de patients, très active en ligne, qui fournit de nombreux conseils et renseignements pour les “nouveaux malades”. Beaucoup soulignent par exemple les bénéfices du sport, des plantes, d’un journal de bord personnel ou encore de la pratique du yoga sur leur état de santé, et peuvent faire bénéficier les personnes récemment diagnostiquées de leur propre expérience avec la maladie.

Vivre avec la maladie de Crohn demande certes une certaine logistique, et peut parfois rendre le quotidien éprouvant lorsque l’on n’a pas encore reçu son diagnostic, mais pas d’inquiétude ! Vous êtes loin d’être seul.e dans cette situation, et vous serez toujours aidé.e par vos médecins pour retrouver votre confort et votre bien-être. Au-delà de ça, la société évolue peu à peu, de plus en plus de patients témoignent de leur quotidien et de leurs besoins, rendant ainsi le “tabou” social autour des problèmes digestifs de moins en moins présent, et contribuant à construire un climat de plus en plus bienveillant. Souffrir de la maladie de Crohn n’est absolument pas honteux : il s’agit simplement d’une pathologie qui nécessite certains ajustements, que vous pourrez faire dans le dialogue et la bienveillance. Veillez donc à être suivi par un médecin avec qui vous serez à l’aise, quitte à en changer si besoin, à en parler avec votre famille et vos amis, à bien vous entourer. Le diagnostic de la maladie de Crohn n’est pas une fatalité : c’est même plutôt une bonne nouvelle, le signe que maintenant, on sait ce que vous avez, et qu’on va pouvoir vous aider.

Conseils de notre ostéopathe :

Si vous souffrez de la maladie de Crohn et que vous ressentez le besoin d’être soulagé, pensez à consulter votre ostéopathe ! En effet, l’une des techniques de manipulation de l’ostéopathie se concentre sur les viscères, c’est-à-dire tous les organes du ventre, notamment les organes du système digestif. Les manoeuvres de votre ostéopathe sur votre abdomen vont donc venir vous apaiser, améliorer votre transit, et aider votre intestin à mieux se régénérer. Vos douleurs seront diminuées, ce qui aura pour effet notable (et salutaire !) de vous permettre de vous sentir moins fatigué, plus à l’aise, et mieux disposé à mener sereinement votre vie personnelle et sociale.

Sources :

Vous avez encore des questions ? N’hésitez pas à les poser aux professionnels de santé sur notre application !
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