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Paracétamol

Publié le , 6 min de lecture
Mariama Bah
Médecin urgentiste
Amélie Danaradjou
Infirmière
Marie-Laure Bry
Médecin généraliste

Tout le monde a une boîte de paracétamol dans son armoire : ce médicament est le best seller mondial contre la fièvre et la douleur. En France, il vous sera même remis en pharmacie, dans la limitation d’une boîte. Son accessibilité ne doit cependant pas nous faire oublier son aspect médical et les précautions liées à celui-ci. Tour d’horizon de ce composé chimique banal et, pourtant, si méconnu.

Qu’est-ce que le paracétamol ?

Deux en un : un antalgique (anti-douleur) et antipyrétique (anti-fièvre)

Le paracétamol est un composé chimique entièrement synthétique (c’est-à-dire qu’on ne peut le retrouver dans la nature), aussi appelé acétaminophène. Il est utilisé pour combattre la douleur et la fièvre. Il s’agit du principe actif utilisé dans la majorité des antalgiques et antipyrétiques, c’est le fameux Doliprane/Dafalgan/Efferalgan.

Mécanisme d’action dans l’organisme

Une action rapide

Après ingestion par voie orale, le paracétamol agit rapidement :

  • si le comprimé est effervescent, il est au maximum de son efficacité au bout de 15 minutes en moyenne
  • contre 30 à 60 minutes dans le cas d’un comprimé à avaler ou en poudre.

Le paracétamol ne soigne pas mais agit sur les symtômes

Suite à l’absorption, la molécule va se distribuer dans les tissus, en passant par le sang. Le paracétamol ne va pas supprimer la cause de la fièvre ou de la douleur, mais le ressenti : vous n’aurez plus mal car la molécule aura inhibé la douleur ou aura fait chuter la fièvre.

Le doliprane agit donc sur les symptômes et non pas sur la maladie elle-même.

Une absorption rapide

Par ailleurs, le paracétamol ne reste pas longtemps dans l’organisme : dans les 2h suivant l’absorption, 50% de la dose ingérée est éliminée par les reins après avoir été métabolisé dans le foie.

Néanmoins, il faut impérativement attendre un minimum de 4h pour reprendre un deuxième comprimé, pour éviter tout surdosage (voir “comment prendre du paracétamol”). Après 24h, 90% est évacué par les urines.

Prise du paracétamol

Quand prendre du paracétamol ?

Le paracétamol s’utilise seul ou en association avec d’autres molécules pour lutter contre :

  • des douleurs physiques aiguës ou chroniques d’intensité légère à modérée
  • de la fièvre (température supérieure à 38 degrés)

Qui peut prendre du paracétamol ?

Toute personne, adulte ou enfant, enceinte ou non, peut prendre du paracétamol à condition de suivre scrupuleusement la posologie (voir “comment prendre du paracétamol” ci-dessous).

La seule contre-indication absolue est pour les patients présentant une hypersensibilité au paracétamol, une insuffisance hépatique ou une porphyrie. Par ailleurs, si vous souffrez de phénylcétonurie, veillez bien à demander du paracétamol sans aspartame, puisqu’on peut en retrouver dans certaines formes commerciales. En cas de doute, n’hésitez pas à contacter votre médecin ou pharmacien.ne pour avoir plus de renseignements.

Comment se procurer du paracétamol ?

En France, vous pouvez acheter du paracétamol en pharmacie sans ordonnance. Néanmoins, le paracétamol est remboursé par la sécurité sociale seulement si votre médecin vous le prescrit.

Les noms commerciaux les plus communs pour le paracétamol sont le doliprane, l’efferalgan, le dafalgan et le perfalgan (injectable), mais vous pouvez aussi tout simplement demander … du paracétamol !

Ne soyez pas surpris : il est possible que l’on vous donne à ce moment-là un générique - qui ne sera donc pas d’une marque connue - tout aussi efficace. On retrouve en effet le paracétamol dans la composition d’une soixantaine de produits pharmaceutiques qui peuvent se présenter sous des formes très différentes.

Comment prendre du paracétamol ?

Le paracétamol peut se prendre de différentes manières selon sa forme. Si vous avez un comprimé dur, vous pouvez l’avaler avec un verre d’eau (voire le couper en deux s’il est trop difficile à prendre), tout comme pour les gélules, les formules effervescentes ou les poudres à diluer. N’hésitez pas à demander conseil à votre pharmacien.ne sur la manière de prendre le médicament.

Souvent, une prise de paracétamol suffit pour retirer une douleur ou fièvre passagère. Si les symptômes persistent, vous pouvez renouveler la prise de comprimé en suivant attentivement la posologie maximale et les délais minimum entre chaque prise, détaillés ci-dessous :

Quantité par prise Durée minimum entre les prises Quantité maximale par jour Commentaire
Adulte entre 15 et 75 ans, et de plus de 50 kg 500 à 1000 mg suivant le poids 4 à 6 heures 3 grammes Possibilité d’atteindre 4 g par jour avec un avis médical
Enfant de moins de 15 ans 15 mg/kg Demander l’avis d’un médecin ou pharmacienne 6 heures (si on veut faire toutes les 4h, dans ce cas on ne prend que 10mg/kg par prise) 60 mg/kg par jour Ne pas dépasser 80 mg/kg par jour chez l’enfant de moins de 38 kg

Certaines personnes présentant des exceptions, il ne faut pas hésiter à demander la posologie adaptée à votre médecin ou pharmacien.ne.

Précautions d’emploi du paracétamol

Adapter la posologie du paracétamol à sa situation et prendre conseil

Pour rappel, la seule contre-indication absolue est pour les patients présentant une hypersensibilité au paracétamol, une insuffisance hépatique ou une porphyrie. Néanmoins, d’autres cas doivent être vigilants dans leur utilisation du paracétamol.

Puisque le paracétamol est évacué par les urines, une personne présentant une insuffisance rénale doit par exemple augmenter le délai entre deux comprimés, qui passe à 8 heures.

Par ailleurs, la dose journalière la plus faible possible (60 mg/kg/jour, sans dépasser les 3g/jour) doit être donnée pour les personnes présentant les situations suivantes :

  • adultes de moins de 50 kg,
  • adulte de plus de 75 ans OU de plus de 65 ans présentant d’autres pathologies, insuffisance hépatocellulaire légère à modérée,
  • alcoolisme chronique,
  • déshydratation,
  • malnutrition chronique, jeûne, amaigrissement récent,
  • hépatite virale chronique,
  • VIH (du fait des traitements qui peuvent altérer la fonction hépatique)mucoviscidose (du fait de l’atteinte du foie possible dans cette pathologie)
  • cholémie familiale (maladie de Gilbert)(maladie pouvant être associée à une insuffisance hépatique)

Si vous avez le moindre doute, n’hésitez pas à demander conseil à votre médecin ou pharmacien.ne en lui exposant votre situation de santé. Le professionnel de santé saura vous indiquer la posologie la plus adaptée.

Eviter le surdosage et faire très attention à l’automédication

Le surdosage, soit quand le corps a une quantité trop importante de paracétamol par rapport à ce qu’il peut absorber, peut arriver dans deux cas de figure :

  1. Si vous avez pris plus de paracétamol que nécessaire selon votre condition ou que les délais entre les prises n’ont pas été respectés.

    → Pour éviter cela, suivez strictement la posologie indiquée par la notice et les indications de votre médecin ou pharmacien.ne ;

  2. Si vous avez ingéré du paracétamol en combinaison avec un autre médicament comportant du paracétamol, ce qui double la dose.

    → Pour éviter cela, regardez bien la composition des médicaments que vous prenez avec le paracétamol, jusqu’à 4h avant ou après. Voici les principaux noms commerciaux comportant, entre autres, du paracétamol : Actifed, actron, algisedal, cefaline, claradol, codoliprane, coquelusedal/paracétamol, dolirhume, fervex, flustimex, gamme Humex, , izalgi, klipal, lamaline, lindilane, novacetol, prontadol, prontalgine, rhumagrip, ixprim, zaldiar.

Le tableau ci-dessous résume les conséquences du surdosage et les actions à mener :

Nature du surdosage Surdosage massif ou accidentel Surdosage au long court
Conséquences Hépatite fulminante : il y a une possibilité de décès ou une greffe de foie peut être nécessaire Intoxication du foie pouvant donner une insuffisance hépatique
Action à mener Appelez immédiatement les secours (SAMU : composez le 15 pour une orientation adaptée) Appelez immédiatement les secours (SAMU : composez le 15 pour une orientation adaptée)

Le paracétamol est un solide allié contre la fièvre et la douleur, connu de tous. Son efficacité n’en fait pas un remède miracle : il traite les symptômes et non pas la cause de votre mal. Si votre état ne s’améliore pas, n’hésitez pas à consulter un médecin. Dans tous les cas, prenez conseil si besoin : l’automédication présente des risques, même pour les médicaments les plus communs. Le paracétamol est certes votre ami, mais n’est pas inoffensif.

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