Syndrome de l’intestin irritable


Le Dr Jean-Pierre Leroy et le Dr Marie-Laure Bry vous ont condensé dans cet article les informations les plus importantes à connaître sur cette pathologie répandue - mais encore relativement mystérieuse, qu’on appelle le syndrome de l’intestin irritable.
C’est quoi le syndrome de l’intestin irritable ?
En quelques mots, le syndrome de l’intestin irritable, qu’on nomme aussi colopathie fonctionnelle, est un dérèglement du fonctionnement normal de l’intestin. Bien que relativement bénigne, cette maladie digestive entraîne des douleurs, de l’inconfort abdominal et un trouble du transit qui dégradent la qualité de vie des personnes qui en souffrent, parfois considérablement.
C’est une maladie un peu casse-tête, qui reste difficile à soulager sur le long-terme en raison de son caractère chronique. Elle est souvent associée à un mal-être important chez les personnes qui en sont atteintes et touche 5% à 15% de la population. Les femmes sont deux à trois fois plus touchées que les hommes, et il le diagnostic tombe entre 30 et 40 ans en moyenne.
Comment se déclenche-t-il ?
Le syndrome de l’intestin irritable peut se déclencher ou perdurer en raison d’une dose importante de fatigue, d’un changement de vie, d’un stress important, ou encore d’une gastro-entérite.
Une intolérance modérée au lactose et au gluten pourraient également jouer un rôle dans son apparition chez certaines personnes.
Comment savoir si on a le symptôme de l’intestin irritable ?
Généralement, il se caractérise par les symptômes suivants, associés ou dissociés, provoqués par le processus de digestion :
- des ballonnements & des troubles du transit (diarrhée, constipation, ou l’alternance des deux) à caractère chronique (c’est-à-dire qui reviennent régulièrement dans le temps) ;
- des douleurs (spasmes, brûlures) mais aussi des nausées et des flatulences, d’intensité variable ;
- parfois, d’autres symptômes extra-digestifs non-systématiques mais qui peuvent y être associés (fatigue, bouffées de chaleur, maux de tête, courbatures).
Quelles habitudes prendre pour soulager le syndrome de l’intestin irritable ?
Il n’y a pas de traitement prouvé et reconnu à ce jour permettant de guérir d’une colopathie fonctionnelle. Heureusement, il existe un certain nombre de solutions connues pour en atténuer les symptômes ou en soulager les inconforts :
-
Adopter un régime pauvre en aliments contenant certains sucres* (on les appelle les FODMAP), est recommandé pour éviter entre autres les réactions de fermentation avec les bactéries intestinales à l’origine de l’inconfort digestif évoqué.
Voici un tableau traduisant cet acronyme en un ensemble d’aliments à éviter, plus concrètement :
F | O | D | M | A | P |
---|---|---|---|---|---|
Fermentescibles | Oligosaccharides | Disaccharides | Monosaccharides | And (et) | Polyols |
Fructane, Galactane | Lactose | Fructose | Sucres industriels | ||
Certains légumes (oignons, artichaut, ail, échalote...) Certaines légumineuses (lentilles, haricots, pois chiches, tofu...) Certaines céréales (blé, seigle, riz complet, orge, épeautre, avoine, boulgour...) | Produits laitiers de tous les jours : fromage, lait, yaourts, crèmes glacées... | Fruits contenant une quantité importante de glucose (pomme, poire, mangue, pêche, poire, pomme, prune, cerises, litchi...) Mais aussi le miel, les fruits séchés, les jus... | Bonbons, chewing gums, plats industriels avec additifs... Marketing "sans sucres" et tous les ingrédients sur les packagings finissant par -ol (sorbitol, xylitol...) |
*Ce régime étant extrêmement contraignant, il est recommandé de ne pas le faire durer plus de 6 semaines, et de réaliser si possible de façon encadrée avec votre médecin.
- Introduire plus de fibres solubles (certaines céréales comme l’avoine et le sarrasin, le pain complet, les légumes verts) dans son régime alimentaire est à l’inverse recommandé ;
- Faire une cure de probiotiques peut être utile pour favoriser une flore intestinale saine : il s’agit de petites levures que l’on peut prendre par exemple sous forme de complément alimentaire, visant à rééquilibrer le microbiote intestinal. Cependant, en cas de syndrome de l’intestin irritable chronique, les probiotiques semblent rester une solution ponctuelle ;
- Boire beaucoup (1 à 1,5 litres d’eau par jour) est un geste important dans la vie de tous les jours, mais en cas de syndrome de l’intestin irritable une bonne hydratation est plus fondamentale encore ;
- Tenir un journal alimentaire peut s’avérer très utile, car celui-ci peut permettre d’identifier les aliments qui contribuent potentiellement à déclencher les douleurs, et par la suite changer efficacement son régime alimentaire ;
- Manger lentement, en mastiquant bien, pour favoriser une digestion douce et efficace.
Quels médicaments prendre en cas de syndrome de l’intestin irritable ?
- Les médicaments de première intention pour atténuer les douleurs du syndrome de l’intestin irritable restent les antispasmodiques, qui vont calmer les contractions et les ballonnements ;
- En cas de constipation, l’utilisation de laxatifs pourra être préscrite ;
- À contrario, en cas de diarrhée, les médecins favoriseront les antidiarrhéiques ;
- Des gélules à base d’essence de menthe poivrée ont des vertus calmantes, ainsi que la mélisse, notamment en infusion. L’infusion n°52 du Palais des Thés qui regroupe ces plantes et d’autres épices est souvent citée comme une référence pour un meilleur confort digestif ;
- Des alternatives non-médicamenteuses existent et peuvent s’avérer utiles, notamment si elles sont combinées à des traitements médicamenteux, pour soulager les douleurs et les inconforts. On évoque parfois l’hypnose, le suivi en psychothérapie, l’ostéopathie, ou encore le yoga. Le bien-être psychologique ne doit jamais être négligé quand il s’agit de gérer des troubles chroniques, surtout dans le cas des colopathies fonctionnelles pour lesquelles, nous l’avons rappelé, le stress ou l’anxiété peuvent jouer un rôle important.
Le syndrôme de l’intestin irritable est donc à géométrie variable au regard des symptômes qu’il provoque et des moyens de le soulager. Chaque organisme réagit différent, et chacun doit trouver sa propre combinaison de traitement gagnante. Nous espérons que cet article vous aura fourni une boîte à outils utile pour mieux comprendre et apprivoiser cette pathologie difficile !
Vous pouvez poursuivre votre lecture avec notre article sur les troubles fonctionnels intestinaux.
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